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miércoles, enero 28

La triste chanson de la belle mort de la pauvre Rosalie


Rosalie, née de famille pauvre,
s’était noircie de suie devant le fourneau.
Le foin n’a jamais rien porté d’aussi beau
que le sourire de Rosalie.
Quand le vent vint jouer dans le regain,
il n’y avait plus personne avec elle dans le nid.

La lune blême, pauvre fille,
n’est pas garante de l’autre sexe.
Les hommes sont peu fidèles,
ils ne se pendent pas longtemps au même sein.
Quand le vent vint jouer dans le regain,
il n’y avait plus personne avec elle dans le nid.

Un jour pourtant un homme vient à passer,
veut vêtir la fille de soie et de velours,
se fiche bien des mauvaises langues,
n’écoute guère les racontars et commentaires.
Quand le vent revint jouer dans le regain,
l’homme était avec elle dans le nid.

Rosalie enlaçait très fort cet homme.
Son baiser brûlait sur le front comme l’urine.
Ils se fichaient bien des mauvaises langues,
n’écoutaient guère les racontars et commentaires.
Quand le vent revint jouer dans le regain,
ils cabriolaient toujours dans le nid.

Un jour de pluie, il leur vint à l’idée
d’expérimenter le péché dans le marais sournois.
Au sommet de la joute, il advint
que la vase tiède les engloutit.
Quand le vent revint jouer dans le regain,
la paillasse était seule dans le nid.

Aux moralistes fielleux que réjouit un tel sort
Leo Tuor fait dire que c’est la plus belle mort.

Leo Tuor
(Rabius, Graubünden, 1959)

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